Les organismes privés de formation font grise mine
Le 18e baromètre annuel de la Fédération de la formation professionnelle dresse un bilan en demi teinte de la réforme de 2014. Elle a obligé les adhérents de la FFP à modifier leur stratégie commerciale, leur offre et leur politique de prix mais aussi à investir dans la qualité, la R&D et l’international pour trouver de nouveaux débouchés.
En 2015, les organismes privés de formation, adhérents de la Fédération de la formation professionnelle (FFP) prévoient une baisse de leur chiffre d’affaires et une forte dégradation de leur taux de marge pour 45 % d’entre eux. « Après une année 2014 de transition, les inquiétudes sont réelles sur la mise en œuvre de la réforme, avec des situations très contrastées selon les organismes et les différents segments du marché (management, marketing, GRH, langues, etc.) », précise Sylvie Petijean, coprésidente de l’observatoire économique 2015 de la FFP qui dévoilait, le 2 novembre 2015, les résultats de la 18e édition de son baromètre annuel. Selon cette enquête 56 % des organismes interrogés ont une appréciation « assez négative » de la réforme et 22 % « très négative »
Nouvelle donne commerciale
Ainsi, les organismes qui s’appuyaient sur le Droit individuel à la formation (DIF) n’ont pas pu, pour la plupart, compenser sa disparition et son remplacement par le Compte personnel de formation (CPF) et ils sont peu nombreux à avoir développé des formations à la conduite de l’entretien professionnel. Or ces deux dispositifs nouveaux représentent respectivement 31 % et 29 % des opportunités de développement sur le marché. Les organismes privés de formation doivent donc s’adapter à marche forcée en modifiant leur stratégie commerciale (c’est le cas de 78 % d’entre eux), leur politique de prix (53 %), en adaptant les compétences de leurs salariés (44 %), et enfin en faisant évoluer leur offre (78 %) avec des formations certifiantes, des durées plus courtes, une modulation de leurs horaires d’ouverture. « Deux tiers d’entre eux proposent désormais une offre blended et distancielle », note Christophe Quesne, coprésident de l’observatoire. Les organismes privés de formation investissent aussi dans la R&D pour répondre aux demandes fortes de personnalisation, de modularisation et de nomadisme et s’engagent dans une démarche qualité. C’est le cas pour 97 % des adhérents de la FFP qui ont opté à 61 % pour l’OPQF (Office Professionnel de Qualification des Organismes de Formation), à 13 % pour la certification ISO 9001 et à seulement 6 % pour la norme NF 214. « Cette démarche devrait leur permettre de répondre aux exigences du décret qualité du 30 juin 2015 » souligne Christophe Quesne. Autre solution pour trouver de nouveaux débouchés, se développer à l’international : 20 % des adhérents de la FPP interviennent ainsi hors de France (contre 10 % en 2013) et 12 % sont implantés à l’étranger, notamment en Chine, aux États-Unis et en Grande Bretagne. A noter enfin que sur le territoire national, 27 % des organismes FFP ont une dimension interrégionale et s’apprêtent à repositionner leur offre dans les treize nouvelles régions.
Valérie Grasset-Morel (Source AFPA Débat-formation) 12/11/15