Les universités s’emparent de la formation continue

Suite au rapport Germinet sur le développement de la formation professionnelle continue dans le supérieur, Najat Vallaud-Belkacem et Thierry Mandon fixent aux établissements d’enseignement supérieur un objectif de développement de leur chiffre d’affaires en formation continue à 1,5 milliard d’ici à 2020.

Les établissements d’enseignement supérieur représentant seulement 3 % du marché de la formation continue en France. Pour répondre à ce potentiel de développement très important, Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a confié le 18 mars 2015 à François Germinet (photo), président de l’université de Cergy-Pontoise une mission pour réfléchir à des pistes de renforcement de la formation professionnelle dans le supérieur et en particulier, dans les universités. Ce dernier a remis son rapport le 6 novembre 2015 à la ministre et à Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le monde universitaire « s’est énormément transformé et adapté lors des dernières décennies », note François Germinet dans son rapport. La formation universitaire, « par les stages, par l’apprentissage, organise d’ores et déjà, et massivement, un premier niveau de porosité entre formation et monde professionnel ». Mais il s’agit d’une « porosité organisée à l’intérieur même de la formation initiale ». Quant au marché de la formation continue, il est « surtout organisé par les branches professionnelles, par des organismes dédiés et parfois par les entreprises elles-mêmes ».

Favoriser les allers-retours

Il reste donc à « dépasser la temporalité successive et cloisonnée de la formation initiale et de la formation continue pour une plus grande porosité entre les apprentissages et la vie professionnelle, aménager des allers-retours entre ces deux temps, voire imaginer l’inclusion de l’un dans l’autre ». Il faut, souligne le rapporteur, « ancrer cette formation du citoyen tout au long de sa vie dans une dimension universitaire qui permet d’enrichir la finalité professionnelle de la formation par l’expertise de l’enseignant qui repose sur la consolidation des savoirs qu’apporte la recherche ».

François Germinet propose en particulier de valoriser la place de l’enseignant-chercheur dans les formations continues délivrées par les universités. Il préconise de « mettre en avant [leur] présence dans [ces formations], comme plus-value fortement différenciante, valoriser les formations en indiquant un taux de présence d’enseignant-chercheur minimum (par exemple au moins 20 %) » et adapter leur rémunération à ces nouvelles activités de formation.

Un modèle pédagogique adapté

Il est important également pour les universités d’adapter leur modèle économique et pédagogique aux nouvelles demandes des entreprises et des individus. Le rapporteur propose par exemple de « développer des certifications de type Mooc pour capter de nouveaux publics ». Il prône aussi la diffusion de l’approche des instituts universitaires de technologie (IUT) au sein des établissements et de rendre modulables les formations des universités « selon une approche par compétences et non exclusivement par contenu ». Il faut aussi, écrit-il « adapter les formations aux rythmes des stagiaires, déployer une offre de stages courts positionnés sur l’expertise de l’université, et développer massivement les dispositifs à distance ».

Il propose en outre de « créer des mécanismes sécurisants qui permettent à des individus de mixer formation et vie professionnelle, soit par de l’alternance annuelle ou pluriannuelle, soit par de l’infra-annuel » et de « favoriser, auprès des établissements mais aussi des entreprises, l’obtention de diplômes sur plusieurs années ». Il faudrait aussi « permettre aux néobacheliers professionnels de mener une expérience professionnelle pendant quelques années tout en ayant une place garantie dans l’enseignement supérieur, éventuellement sous forme de contrat avec un établissement et avec un suivi approprié ».

Universités pilotes

Une dizaine d’établissements supérieurs pilotes seront sélectionnés fin décembre pour expérimenter, à partir de janvier 2016, de nouvelles modalités de développement de la formation professionnelle continue à l’université. Objectif : atteindre 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2020. La sélection des établissements s’effectuera sur la base d’un cahier des charges qui fixera les mesures à expérimenter (positionnement marketing, économique, pédagogique…).

Les services du ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, ainsi que l’IGAENR (Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche) suivront les établissements sélectionnés pour lesquels le rapport Germinet propose de créer un « label pépite FC », et fourniront une évaluation en continue de ces établissements.

Valérie Grasset-Morel (12/11/2015)

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